César Compadre, Grand Reporter de la rubrique Vignes et Vin du Journal Sud-Ouest est venu interviewer le 1° Octobre dernier les principaux acteurs du Domaine de l’Herré : voici l’article pleine page qu’il a publié le 8 Octobre sur le journal Sud-Ouest qui rend bien compte du grand projet qu’a le Domaine sur la production d’un Sauvignon Blanc d’excellence.
http://www.sudouest.fr/2013/10/08/au-domaine-de-l-herre-le-cepage-sauvignon-en-cheval-de-bataille-1192445-2475.php
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Pascal Debon (propriétaire) et Jean-Bernard Job (responsable vigne), en vendanges dans une parcelle de sauvignon. (Ph. Ph. Bataille)
Au Domaine de l’Herré, le cépage Sauvignon en cheval de bataille
À Manciet, près d’Eauze, au cœur de la Gascogne, la machine à vendanger du Domaine de l’Herré tourne de 4 heures du matin jusqu’aux environs de 14 heures. Et tous les jours s’il le faut, pendant les trois semaines que dure la récolte cette année. « Une vendange à la fraîche pour préserver des chaleurs les arômes des raisins blancs. Le soir, j’alerte par téléphone les riverains de notre arrivée matinale du lendemain. Autant garder de bonnes relations avec le voisinage… »
Jean-Bernard Job, enfant du pays, est responsable à la vigne de ce domaine de 100 hectares ne produisant que du blanc. Sur la machine, rang après rang, le chauffeur reste concentré pour avancer à la bonne vitesse et ne rien casser. En bout de parcelle, son collègue recueille les baies versées par l’engin et les portera à la propriété. Un troisième employé prendra le relais avec un autre tracteur et sa remorque.
Ici, trois personnes suffisent donc pour ramasser une telle surface de vigne ! L’efficacité de la mécanisation poussée à son maximum, d’autant que les volumes récoltés sont habituellement importants. Nous sommes en effet en zone d’indication géographique protégée (IGP), où les normes sont plus souples qu’en AOC. « Mais, cette année, les rendements sont moindres : un tiers environ des volumes manqueront à l’appel. La météo n’a pas été favorable », regrette Jean-Bernard Job, par ailleurs exploitant de 450 hectares de maïs dans les environs. « C’est plus simple à mener que la vigne, où les techniques sont pointues, notamment lors des vinifications… »
C’est lui qui a vendu en 2010 le Domaine de l’Herré à un néovigneron, le Parisien Pascal Debon. Vivant entre la capitale, Saint-Tropez et le Gers, il a auparavant exercé trente ans dans les télécoms – dont dix à Dallas (États-Unis) -, avant de « plonger » dans la viticulture gasconne via des connaissances bordelaises. « J’ai changé de logiciel dans ma tête : le semestre était mon horizon de travail, c’est désormais plusieurs années », sourit celui qui a pris le cépage sauvignon pour cheval de bataille dans sa nouvelle vie au pied des ceps.
« Le Gers n’est pas un terroir à vin rouge. Je crois au sauvignon blanc. Depuis 2010, restructurant la propriété, nous sommes passés de 10 à 50 hectares pour ce cépage. Et ce n’est pas fini. Un grand merci aux aides européennes, qui nous font du bien pour financer ces investissements », détaille le propriétaire.
La lutte des 5-6 € la bouteille
Au chai, peu de personnel également, et l’œnologue Maud Blanchard à la baguette. Originaire du Blayais (Gironde), elle bichonne ici depuis trois ans la production pour franchir le cap du vrac vers la bouteille, une vente généralement plus rémunératrice. « Sur nos différents cépages [sauvignon, chardonnay, gros manseng, colombard…], nous testons beaucoup pour trouver nos styles. Sans aucun compromis sur la qualité. » Devant elle, dans le chai, de multiples préparations de levures pour lancer la fermentation dans les cuves.
Il faut dire que le Domaine de l’Herré part presque de zéro sur le marché de la bouteille, son objectif. Pratiquement rien avant 2010 et déjà 500 000 cols au compteur, dont les deux tiers à l’exportation. Un ratio classique dans le Gers, où les vins blancs produits sont plus connus à l’étranger qu’en France. Pour booster les ventes, le domaine a ainsi signé un accord avec Halley Wines & Spirits (HWS), un jeune groupe ayant le vent en poupe et des bureaux à l’étranger.
« À nous de ne pas tirer la viticulture de Gascogne vers le bas. Nous avons un potentiel énorme sur le créneau des bons blancs secs fruités et aromatiques, à prix tout à fait raisonnable, et à boire dans les deux à trois ans », insiste Pascal Debon, avec ses réflexes d’homme d’affaires. Il se bat en effet sur le marché disputé des 5 à 6 euros la bouteille, prix consommateur en France. Pas facile de dégager des marges pour investir et progresser. Pour y arriver, une nouveauté est dans les tuyaux : un sauvignon à 9 degrés. Réussi sur le millésime 2012, il vise le marché des États-Unis.
Fin de l’article